Si vous vous demandez comment nous avons eu l’idée saugrenue de concevoir une gamme de poterie culinaire en terre cuite noire, une technique abandonnée chez nous depuis plus d’un siècle, alors cette page est pour vous : voici l’histoire d’Oyera !
De la poterie noire de la Chamba (Colombie) …
Allez, on y croit
A partir de 2008, à travers Avenue Colombie nous avons développé une expertise unique à propos de la poterie noire de la Chamba, un petit village de Colombie. Pour se démarquer d’une concurrence qui depuis des années distribuait cette poterie à tout va sans le moindre critère de qualité (le caractère rustique servant de joker), nous avons d’abord mis en place une traçabilité de ses produits et une procédure de sélection afin d’offrir le meilleur à la vente, tant aux professionnels qu’aux particuliers. Grâce à de nombreux tests et à la collaboration de clients eux passionnés par cette poterie rustique, nous avons identifié les points forts (il y en a) et les faiblesses (le choix est généreux) de cette poterie. Ensuite nous avons analysé les pratiques socio-économiques de la production après 2 semaines d’enquête sur les lieux de production en 2009. Et finalement nous avons fait évaluer ces pratiques suivant une démarche citoyenne (« sgap » de Minga, devenu « scafe » depuis) .
On n’y croit plus du tout
La conclusion de cette analyse est que compte tenu de la situation de quasi monopole des deux poids lourds qui contrôlent cette industrie juteuse avec l’aide des pouvoirs publics, toute tentative pour améliorer les qualités techniques de cette poterie ainsi que l’organisation sociale du travail des potiers est vouée à l’échec tant que la demande internationale en produits à bas prix, le plus souvent sous couvert de « commerce équitable », se maintiendra à ce niveau. Une situation qui conduit inévitablement à tout un cortège de comportements malhonnêtes. Par cohérence avec ses engagements (cf. charte de Minga) et pour ne plus cautionner ce marché de dupes, nous avons donc décidé de mettre fin à nos importations de cette poterie.
Tournons la page
Néanmoins, cette triste situation ne remet pas en cause l’intérêt intrinsèque de la poterie noire pour un usage culinaire. A condition que la qualité soit d’un niveau comparable à celui d’une poterie conventionnelle et contemporaine. Aussi, à partir de 2010, nous nous sommes tournés vers une autre tradition, plus proche de nous. Et cette fois, les potiers sont d’authentiques artisans. Parmi ceux-ci, une petite poignée a eu la chance de recevoir une formation en céramique contemporaine, ce qui leur a permis de tourner définitivement le dos à la poterie empirique.
… à la poterie noire de Molelos (Portugal)
Un peu d’histoire
Il y a encore peu on comptait plusieurs dizaines de potiers spécialisés dans la poterie noire suivant un arc allant de la Catalogne aux Asturies puis descendant vers le nord du Portugal jusqu’à Coimbra. Mais aujourd’hui on peut dire que c’est une poterie en voie de disparition. Seul un petit village du Portugal peut encore prétendre au titre de village de potiers spécialisés dans cette technique : Molelos, dans la province de Viseu.
La poterie noire, traditionnellement plutôt grise, est conçue à partir d’une terre à grès réputée. Ce qui sur le plan technique la met déjà très loin devant celle de la Chamba. La cuisson se fait à plus haute température (environ 850°C au lieu de 750°C à la Chamba et plutôt 650°C en Afrique). Le temps de cuisson est de cinq heures au lieu d’une, suivies de 12 à 24 h de refroidissement (suivant la taille du four). C’est pendant cette phase que se fait « l’enfumage », au lieu de 10-20 minutes d’enfumage direct suivi d’un refroidissement rapide à l’air. La granulométrie de la pâte est telle qu’il n’est pas nécessaire de recourir à l’astuce de l’engobe comme à la Chamba. Certes cela permet une finition séduisante mais c’est aussi le talon d’Achille de cette poterie.
Un peu de technique
Le polissage dépend bien sûr de la finalité de l’objet, de ce que le client désire ou est prêt à payer. Ainsi, suivant l’atelier et le public visé, on trouvera des articles avec un polissage allant de sommaire à poussé à l’extrême. Les textures peuvent être mates, satinées ou brillantes suivant divers paramètres. Le temps de polissage est au moins 50% plus long que le temps de mise en forme. D’où son coût de revient élevé. Cette opération, qui requiert une patience à toute épreuve est le plus souvent accomplie par des femmes. Alors que la mise en forme, la préparation de la pâte et la cuisson sont plutôt l’apanage des hommes. Mais comme toute règle elle a ses exceptions.
La couleur obtenue varie de l’argenté au noir profond en passant par le vieil étain. Cela dépend de la composition exacte de la pâte. Elle peut contenir jusqu’à 5 constituants différents, chacun ayant un rôle spécifique. Mais elle dépend aussi de la température, du temps de cuisson et du four (type et contenance). Si chaque potier sait comment favoriser une teinte donnée c’est tout sauf une science exacte ! A chaque étape de la fabrication, chacun a sa propre recette et par conséquent son style. A cela s’ajoute une créativité qui enchante le visiteur et une autonomie qui permet à chaque potier d’avoir sa propre clientèle. Celle-ci se compose essentiellement de restaurants et de boutiques d’artisanat.
Une collaboration constructive
A partir de notre expérience et de nos connaissances techniques, nous avons élaboré un cahier des charges. Il porte sur les formes, les caractéristiques techniques et divers aspects pratiques que le client, professionnel ou particulier exigeant, est en droit d’attendre d’une poterie culinaire moderne. Ainsi est né notre projet Oyera.
Ensuite nous avons donné carte blanche à chaque potier de Molelos pour interpréter cette « partition » comme il l’entendait. Cela donne 3 gammes de cocottes distinctes avec des qualités spécifiques. Chaque gamme est conçue de manière à ce qu’un couvercle convienne si possible à plusieurs récipients de tailles différentes. Ce qui diminue l’investissement pour le client ou permet de le remplacer plus facilement si besoin est.
Ainsi nous avons le plaisir de participer à la préservation d’un savoir-faire précieux tout en respectant l’indépendance de chaque potier. La majeure partie des produits sont entièrement faits main. Seule la mise en forme de petits articles aux formes simples est mécanisée pour abaisser le prix d’environ 20%. C’est le cas de certains couvercles de la gamme LJ. Les formes, les volumes et autres caractéristiques peuvent évoluer en fonction des aspirations des clients. Ceux-ci deviennent ainsi des acteurs du devenir de cette poterie culinaire.
A propos d’OYera
Quelques mots à propos du nom, car on nous demande souvent d’où il vient. Il nous fallait un nom pas trop difficile à prononcer sans connotation marquée. Quitte à ce qu’il ait une signification dans une langue voisine, en l’occurrence en espagnol. Oyera rappelle le mot portugais « oleira » (potière), un peu difficile à prononcer pour un public essentiellement de langue française. Mais il évoque aussi la « olla » (marmite colombienne, en particulier). Tandis que le « O » symbolise bien le tour du potier. Finalement le « Y » est un clin d’oeil au célèbre Y grenoblois tout proche de nous (en référence aux trois massifs). Quant au suffixe « era » il est clair qu’il évoque plus le futur que le passé !
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